08 Décembre.

Sur une carte géographique, la Nouvelle Calédonie apparait comme un confetti (plutôt allongé d’ailleurs) au milieu de l’océan Pacifique, surtout si on regarde à côté l’Australie.
Sur le terrain, c’est tout autre chose, nous avons commencé à faire le tour de l’île en voiture en 10  jours environ et les distances, même si elles ne sont pas énormes (480 kms du sud au nord), elles prennent beaucoup de temps.


Auparavant nous avons programmé notre retour sur Nouméa et avons trouvé un hébergement qui semble superbe.
Nous avons décidé de monter vers le nord (donc vers l’équateur) par la côte ouest et de redescendre par la côte est.
La côte ouest est très particulière, elle est sous le vent (les fameux alizées) et donc ne bénéficie pas des précipitations.
En conséquence, nous cheminons dans des paysages plutôt secs où se sont développées les grandes exploitations agricoles des colons (beaucoup d’anciens du bagne). Après bien des échecs (coton, café…) c’est maintenant l’élevage qui prédomine.
Au départ nous avons décidé de shunter la grande route et avons suivi le littoral pour découvrir un lagon de toute beauté et des camps de résidences secondaires avec port et plages privatives ; le tout enclos et avec un portail à digicode…
Nous avons ensuite pris la route principale (goudronnée) pour passer par Bouloubaris, la Foa, Moindou, Bourrail, Poya, Pouembout, Koné (pour ceux qui suivent sur une carte ou sur Google Map) et avons achevé notre journée à Voh (endroit connu grâce à la fameuse photo de Yann Arthus Bertrand, le cœur de Voh dessiné dans la mangrove… allez voir sur Internet).
Au passage, on nous avait conseillé de monter au-dessus de Moindou pour voir le lagon de haut. Rendez-vous raté, nous n’avons rien vu, pas même les vestiges d’un ancien bagne, mais la piste dans la montagne était très sauvage (ne le dite pas à la société de location de voiture).
Après avoir repéré notre gîte « chez De Gaulle » (le nom du cheval de l’ancien propriétaire…) nous sommes allés faire trempette et sommes allés voir le coucher du soleil. Au passage, nous avons repéré un joli cimetière avec une dizaine de tombes bien entretenues. Interpellés, nous avons demandé de quoi il s’agissait, et la réponse est étonnante. Il s’agit de la sépulture de marins français en mission de cartographie vers les années 1860, qui avaient débarqué pour chercher de l’eau douce et qui ont été accueillis par des anthropophages, vous devinez la suite. Quelques temps plus tard, l’armée française est allée faire des recherches (ils ont récupéré les ossements) et ont « vengé » leur collègues (voir sur internet plateau du massacre Voh).

Peu avant le coucher du soleil, nous avons rencontré un cycliste qui nous a expliqué l’importance de l’industrie minière pour l’île (y compris dans la pollution que cela engendre). Ancien salarié d’une mine de nickel, il a été licencié au moment de la chute des cours qui a engendré une crise économique majeure pour l’île.
Le coucher du soleil était superbe…

09 décembre

La nuit a été réparatrice mais nous avons fait des cauchemars surement à cause de la gastronomie Kanak (à base de petits blancs). Au petit déjeuner nous avons appris que suite à un séisme aux îles Salomon, une alerte tsunami avait été déclenchée et levée quelques heures après.
Avant de quitter Voh, Françoise a suggéré que nous visitions un écomusée dédié à la culture du café. Visite très intéressante, vis-à-vis de l’histoire locale en particulier.
Puis nous avons gagné Kaala Gomen puis Koumac.
A Koumac Denis est allé visiter des grottes, Françoise et Marie ayant préféré la lumière et la chaleur du soleil. Seul dans le réseau, avec pour tout éclairage une frontale, cela a été superbe, il s’agit d’une rivière souterraine qui débouche sur un lac et un barrage stalagmitique avec de magnifiques concrétions.

Au retour, après une brève visite à l’hôpital où Marie a travaillé trente six ans auparavant nous avons décidé de faire le plein de la voiture (pas de station au-delà) et un ravitaillement pour trois jours. Notre destination, le grand nord par le petit village de Poum (Marie y a fait également un petit pèlerinage).
Avant d’arriver au village la route était barrée par des pneus, des bidons et des arbres, il s’agissait d’une manifestation contre des licenciements à la mine voisine… pas très rassurant (en plus nous approchions de l’heure du repas…). Au-delà, c’est le bout du monde, nous avons fini notre journée par une piste très belle (au passage nous avons rencontré des chevaux sauvages) pour nous arrêter au bout du bout de l’île chez un caldoche pur jus qui a construit quelques bungalows sur son ancienne exploitation agricole.
L’endroit est magique (Poingam), notre logement est au bord de la plage, la nuit va être câline…

10 décembre
Aujourd’hui, c’est découverte de la mer et des environs avec une myriade d’îlots. Nous profitons de la matinée dans ce site superbe pour nous baigner.
La veille au soir deux gros 4X4 sont arrivés tard (il s’agit de la famille du propriétaire qui est venu passer le Week-End) et ce matin ils ont mis à l’eau le bateau pour une partie de pêche. Tant mieux pour nous car ils nous ont invités à partager leur repas. Au-delà du poisson sous toutes ses formes (cru en salade, cru à la tahitienne, grillé…) les femmes ont passé la matinée à cuisiner local… Nous avons droit à un festival de saveurs : ignames, patate douce, manioc… avec des sauces plus pimentées les unes que les autres, le tout bien arrosé ce qui nous a valu une après-midi siestueuse… (J’ai dit siestueuse et non incestueuse).

11 décembre
Dernier jour à Poingam chez Charles Napoléon (cela ne s’invente pas). Marie et Françoise voulant faire un break, je pars à la découverte de la mine la plus proche près de Poum, là où la route est barrée par des manifestants. Au passage (il est encore tôt) je rencontre plein de chevaux sauvages.
Je gare ma voiture après le barrage et vais à leur rencontre leur précisant que je suis en balade et que je souhaite visiter la mine. J’en profite pour leur poser tout un tas de questions : que produit la mine, où va le minerai, comment il est transformé, pourquoi ils sont en conflit… (En fait il s’agit d’un conflit entre deux clans au sein de la tribu qui a le droit d’exploitation). Tant et si bien qu’à n moment on me dit que je pose beaucoup de questions techniques pour un touriste et je suis amené à leur prouver que je ne suis pas de la police…
Mais tout cela finit bien car ils acceptent de me monter à la mine à la condition que je ne prenne pas de photos. Chantier titanesque avec des pelleteuses et des camions énormes, les roues des camions font le triple de ma taille (je sais, certains diront que je ne suis pas grand mais quand même…). Au retour, je repère une plage que les mineurs m’ont conseillée et séduit, je vais chercher Françoise et Marie qui ont préparé le pique-nique pour finir la journée en baignades idylliques. La suite au prochain numéro…